A Silent Voice de Yoshitoki Oima

Fiche

  • Titre : A Silent Voice
  • Auteure : Yoshitoki OIMA
  • Editeur : Ki-oon
  • Date de publication française : 22 janvier 2015
  • Type : Shonen
  • Genre : Tranche de vie, Romance
  • Nb de volumes parus : 7

Résumé

Shoko Nishimiya est sourde depuis sa naissance. Même équipée d’un appareil auditif, elle peine à saisir les conversations, à comprendre ce qui se passe autour d’elle. Effrayé par ce handicap, son père a fini par l’abandonner, laissant sa mère l’élever seule.
Quand Shoko est transférée dans une nouvelle école, elle s’emploie à surmonter ses difficultés mais, malgré ses efforts pour s’intégrer dans ce nouvel environnement, rien n’y fait : les persécutions se multiplient, menées par Shoya Ishida, le leader de la classe. Tour à tour intrigué, fasciné, puis finalement exaspéré par cette jeune fille qui ne sait pas communiquer avec sa voix, Shoya décide de consacrer toute son énergie à lui rendre la vie impossible.

Psychologiques puis physiques, les agressions du jeune garçon se font de plus en plus violentes… jusqu’au jour où la brimade de trop provoque une plainte de la famille de Shoko, ainsi que l’intervention du directeur de l’école. À cet instant, tout bascule pour Shoya : ses camarades, qui jusque-là ne manquaient pas eux non plus une occasion de tourmenter la jeune fille, vont se retourner contre lui et le désigner comme seul responsable…

Mon avis

Cela faisait un bon moment que je voulais découvrir ce titre, la médiathèque de ma ville l’ayant dans ses rayons pourquoi s’en priver. Prépublié au Japon entre 2013 et 2014 c’est en 2015 que Ki-oon a lancé le titre sur le marché français. Un titre attendu par bon nombre de lecteurs à l’époque et dont les compliments n’ont pas tardé à se faire entendre. Série courte, avec 7 tomes pour arriver à sa conclusion, la mangaka vise juste tout au long de son histoire et se détache assez rapidement du synopsis de départ, pour nous faire vivre une expérience émotionnelle bien au delà du harcèlement scolaire et du handicap.

Le premier tome est vraiment intense, une immersion brute et sans sas de décompression dans le quotidien scolaire insoutenable de la jeune Shoko. Sourde, elle va subir les pires crasses de ses camarades de classes, avec en tête Shoya le clown de service. Cette entrée en matière est assez classique quand on aborde ce genre de thématique, montée en puissance des harceleurs et de leurs actes, passant ainsi de petits actes pour « rigoler » à un déferlement de haine et de violence. Mais là où la mangaka aurait pu nous tenir pendant des tomes et des tomes sur le sujet, elle s’en détache dès la fin de ce premier tome avec un retournement de situation et un saut temporel de plusieurs années.

L’enfer de Shoko

Car lorsque tout ça tourne vinaigre, on passe d’un groupe soudé dans la bêtise à sauve-qui-peut et tous unis pour désigner un coupable. Et enfants comme adultes ne vont pas se gêner pour se décharger complétement sur Shoya qui donc va prendre un retour de bâton et vivre l’enfer pendant des années. L’auteure va alors se pencher sur la recherche de rédemption de Shoya, suscitant lors de ma lecture des sentiments bien plus vifs et des questionnements que je n’aurais pas eu si le manga abordait seulement et tout du long la thématique du harcèlement.

Etre différent des autres

On parle ici de différence et du fossé que cela peut causer entre nous. Je trouve que l’approche de la mangaka va au delà de la simple mise en avant du handicap de Shoko, c’est ici bien la différence et l’incompréhension qui en résulte qu’elle met en exergue. Un fossé d’autant plus grand que l’on se retrouve en présence d’enfants qui cherchent la moindre faille à exploiter pour pointer du doigt untel ou untel.

L’instituteur, qui devrait être là pour expliquer et pour faire naitre un lien entre ses élèves est encore pire que ces jeunes enfants, jouant lui même de petits rires ou d’inactions renforçant encore plus, pour eux, la légitimité de leurs actes. Un « adulte » qui n’hésitera pas à prendre ses distances par la suite et à se défausser complètement sur Shoya.

Et c’est un ainsi que de bourreau, Shoya va devenir la victime, prenant ainsi la place vacante de Shoko. Et cela ne s’arrêtera pas à la fin de son année de CM2, cela le suivra toute sa scolarité… Un concentré de ce que les humains peuvent faire de pire je trouve.

A la recherche du pardon

Et c’est là que le titre prend un tournant et s’éloigne de ce sujet, qui pourtant aurait pu alimenter le manga pendant un bon paquet de pages, et l’on va s’intéresser désormais à la recherche de pardon de Shoya. Et là je dois bien avouer que tout ça a soulevé un paquet d’interrogations dans ma petite tête. Bien qu’ayant subi des horreurs lui aussi, ruinant complètement sa vie, le plongeant dans une profonde solitude, une vie à laquelle il ne trouve pas de sens ni de direction à donner, l’entrainant ainsi sur le choix du suicide, comment peut-il après ce qu’il a fait subir à cette autre enfant lui imposer de le revoir et d’écouter ses excuses. Mais en même temps ce gamin a tellement souffert lui aussi…

Au delà de sa souffrance et de son mal-être extrême, Shoya a mûri, pris conscience des erreurs du passé et reste le seul personnage qui ne se cache pas derrière des excuses ou d’autres personnes. Shoya est vraiment le personnage le plus intéressant de mon point de vue, sa construction, son évolution et ses questionnements. On passe de l’enfant en quête de sensation forte, véritable petit clown, à un adulescent fermé et désireux d’en finir avec la vie. La seule chose qui lui importe c’est de pouvoir au moins présenter ses excuses à Shoko pour ses actes passés. Il y a une démarche de sa part pour comprendre Shoko que ce soit ce qu’elle a dû endurer (son expérience personnel y est pour beaucoup) mais il veut aussi pouvoir communiquer correctement avec elle et a donc choisi d’apprendre la langue des signes.

La mise en scène de la mangaka permet aussi de voir l’évolution mentale du jeune homme. En effet, lorsque l’on voit le monde au travers du regard de celui ci la plupart des gens qui l’entourent se retrouve avec une croix sur le visage, symbole de son désintérêt pour les autres, il se balade toujours en regardant le sol. Je trouve cette mise en scène plutôt bien faite, on voit par moment des visages commençant à déborder un petit peu puis la croix se recentre une ou deux cases plus loin sur celui ci, comme pour nous montrer que Shoya commence à « baisser sa garde », à vouloir de nouveau s’ouvrir aux autres, apprendre à mieux les connaitre. Un choix intéressant, très bien exploité et permettant clairement de nous montrer l’état d’esprit du protagoniste tout au long du récit.

Tirer un trait sur les autres, la mise en scène de Yoshitoki OIMA

Je me suis jusqu’à présent assez peu penché sur le personnage de Shoko. On va dire que le personnage est assez discret tout au long de l’aventure et l’auteure nous place aussi dans une situation où l’on ne pourra pas la comprendre. Elle sourit constamment aux autres, la mangaka nous place aussi dans la peau des différents intervenants en ne faisant pas forcément traduire les phrases en langue des signes de Shoko par Shoya ou sa soeur. Il n’y en a pas tant que ça mais ça reste assez frustrant je trouve quand cela arrive et cela nous permet de ressentir ce que ses camarades peuvent ressortir. Tout cela rend Shoko difficile à cerner je trouve encore une fois que les choix de mise en scène de Oima sont vraiment très bons.

Une belle palette de personnages

En dehors de Shoya et Shoko, la mangaka nous gratifie d’un bel éventail de personnages, que l’on va aussi voir évoluer au cours de l’histoire. On pourrait penser que sur un titre aussi court nous allons voir de simple faire valoir, mais non. La plupart des personnages secondaires vont être mis en avant et travaillés au fil des 7 tomes. Chacun, comme les 2 personnages principaux, ayant une part d’ombre et des blessures avec lesquelles ils ont cohabité pendant toutes ces années. Bien évidemment on ne va pas se leurrer, en 7 tomes on ne va pas non plus passer un tome sur chacun mais malgré tout on aborde le mal être de chacun, leurs rancunes et leur passé. Si chacun évolue? Je vous laisserai lire la série pour le savoir mais chacun tente de trouver un sens à sa vie ou sa place au quotidien.

Au cours de l’histoire, Shoya va aussi s’interroger sur l’amitié et sur ce qui caractérise ce type de relation. Une réflexion je trouve intéressante, à partir de quand peut on dire que l’on est devenu ami. Est-ce que c’est après un certain temps? Quand on partage suffisamment de choses avec l’autre? Est ce juste un sentiment? Pas sûr qu’il y ait une réelle réponse à cette question, mais certainement autant de réponses que de personne et je pense que cela sera lié à la sensibilité de chacun et propre à notre vécu. Nos expériences, nos blessures font que nous ne sommes pas forcément tous prêt au même moment (si ce moment arrive), la force que l’on donne à ce nom est aussi différent d’une personne à l’autre. Reste à savoir si Shoya trouvera la réponse qui lui convient.

J’ai vraiment trouvé ce manga excellent, dans sa construction (avec certaines explications qui arrivent en fin de manga), le développement des personnages, les sujets qu’il aborde avec justesse, sans exagération, sans surfer sur le harcèlement ni sur le handicap. Bien sûr on garde ça en mémoire, bien sûr Shoko n’entend pas et signe ou essaye de parler mais la mangaka met l’accent sur les personnages et ce qu’ils sont au fond d’eux même et leurs sentiments. La relation ambigüe unissant les 2 personnages principaux nous portera tout au long des 7 volumes de la série, tout comme leur combat intérieur. Un manga bouleversant, extrêmement dur dans son premier volume (en même temps on sait sur quoi on part en se lançant dedans), qui mériterait clairement d’être lu par pas mal de monde pour peut être prendre conscience de nos actes. Un vrai plaidoyer pour l’acceptation de l’autre et de ses différences quelles qu’elles soient. La manga apporte aussi ses moments de rigolades avec les relations qui se nouent entre chacun.

Ce manga ne laissera je pense personne indifférent mais clairement la vision des évènements sera propre à chacun d’entre nous. Shoya sera pour certains impardonnable, pour d’autres une victime. Tout comme Shoko en touchera certains et en énervera d’autres. Une illustration parfaite de l’impact de notre vécu et de notre sensibilité sur notre interprétation et notre ressenti lorsque l’on appréhende une œuvre quelle qu’elle soit.

Un manga à lire d’urgence si comme moi vous avez un train de retard, mais il n’est jamais trop tard pour bien faire.

11 commentaires sur “A Silent Voice de Yoshitoki Oima

    1. Ah je suis content 😊 mais oui ce prof t’as envie de le gifler… Je voulais aborder la vision ultra négative de l’homme adulte dand ce manga. Au final il y a le prof et les deux pères qui se sont barrés… C’est un tableau assez négatif tout ça

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      1. Courage y a des moments difficiles mais y a des bons moments aussi 😉 on survit à tout 😀 ça va faire 2 ans qu’on n’a pas eu une seule nuit complète et on est toujours là! Mention spéciale à la nuit de vendredi dernier où toutes les 30 minutes jusqu’à 3h du matin il se réveillait. Après c’est sûr que des fois c’est vraiment compliqué mais bon il est chou malgré tout ^^ Courage à vous en tout cas !

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      2. Franchement, je crois que je n’ai pas à me plaindre. Elle dort plutôt bien quand même. Elle est surtout dans une période où elle pousse des cris stridents de Nazgul, franchement hier soir le repas a été un enfer.

        Mais en même temps elle est tellement mignonne et rigolote, et puis surtout c’est un bébé, elle fait pas exprès d’être relou 😅

        Bref, elle est usante mais c’est mon bébé d’amour !

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      3. Ah mais là t’es dur avec elle. Elle sait juste que t’es fan du seigneur des anneaux, c’est un peu une dédicace à son papa en fait 😁

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