Fiche
- Titre : Le péché originel de Takopi
- Auteur : Taizan 5
- Editeur : Pika
- Date de publication française : 25 janvier 2023
- Type : Shonen
- Genre : Tranche de vie / Drame
- Nb de volumes parus : 2
Résumé
Takopi est un petit extraterrestre arrivé tout droit de la planète Happy, pour répandre la joie sur Terre ! Sauf que la première personne à lui tendre la main est Shizuka, une fillette au visage infiniment triste… Aussitôt, Takopi se donne pour mission de lui rendre le sourire à l’aide de ses fantastiques “happy gadgets” ! Mais le petit alien est loin d’imaginer la noirceur de l’environnement dans lequel évolue l’écolière. L’innocence et la bonne volonté de Takopi vont peu à peu l’entraîner dans une situation inextricable… Jusqu’à ce que le pire se produise.
Mon avis
Annoncé fin septembre 2022, Le péché originel de Takopi était une des grosses attentes de ce début d’année de mon côté de par les thèmes abordés. Je remercie donc Pika pour l’envoi des tomes, vous pouvez retrouver un extrait ICI.

Prépublié en ligne dans Shonen Jump + entre 2021 et 2022, le titre arrive donc en 2023 chez nous auréolé d’un million de lecteurs au Japon et d’une réputation de titre dur et très fort en émotion. Suivant peu ce qui se fait au Japon, j’ai découvert le titre lors de son annonce par l’éditeur sur les réseaux et il fait partie de ces titres qui suscitent un fort engouement du public lors de leur annonce. Une hype que je fuis généralement mais dans ce cas précis avec des thématiques si fortes et un titre annoncé comme bouleversant (ce que j’ai plus facilement de facilité à croire dans ce cas que dans d’autres) je l’attendais moi aussi énormément. Alors qu’en est il après lecture?
Tout d’abord Le péché originel de Takopi de quoi ça parle. Takopi est un petit extraterrestre qui arrive de la planète « Happy » et qui a pour but de rendre heureux les gens qu’il croise. Dans son monde, tout le monde est heureux donc difficile d’imaginer et de comprendre ce que vis la petite Shizuka qu’il rencontre lors de son arrivée. Harcèlement scolaire que ce soit verbal ou physique, parents absents entre un père qui n’est plus là et une mère escort girl qui la laisse vivre dans un taudis, la vie de la petite fille n’est rien de plus qu’un enfer. Le petit alien essaye de son côté de lui donner le sourire comme il le peut malgré sa naïveté à l’aide de ses happy gadgets, mais bien évidemment aucun n’attire la petite fille. Et pourtant, elle va accepter le ruban de la réconciliation que lui propose Takopi, mais bien loin de s’en servir comme l’imagine le petit « happien », Shizuka va se pendre et mettre fin à ses jours. Ayant enfreint les lois de son monde en donnant un de ses happy gadgets à un non happien, il décide de revenir dans le passé grâce à un de ses gadgets pour mieux comprendre la petite fille et la sauver. Bien sûr chaque tentative et chaque interférence de Takopi sur les évènements de la vie de Shizuka auront des répercussions bien au delà de la petite fille et dans ce genre de situation l’effet papillon n’est jamais loin.

Le titre se lit bien et une fois dedans on a envie de connaitre la fin, le quotidien de la petite Shizuka est un enfer et on se demande comment le naïf Takopi va pouvoir l’aider d’une part et quelles répercussions auront sur lui toutes ces violences qu’il ne connaissait pas jusque là. Si le « happien » contrebalance un temps le récit en étant en total décalage avec le ton dramatique des évènements, il se retrouve vite rattrapé par tout ça. Takopi me semble de mon point de vue une représentation de l’enfant innocent (qu’on ne trouve pas dans les autres personnages), ses réactions et sa volonté de vouloir redonner le sourire aux personnes auxquelles il tient avec des choses qui peuvent paraitre totalement idiote sur le moment, me donnent vraiment la sensation de voir les réactions d’un enfant qui n’est pas sali par la vie ou la violence. On y voit du coup la transformation d’un être « pur » en un être qui finalement va se trouver transformé par la peur des autres, les violences physiques, jusqu’à devenir finalement lui aussi un être violent.

A côté de ça le manga, traite beaucoup de sujets mais malheureusement sans entrer vraiment dans le cœur de chacun, difficile en 2 tomes. On est d’accord et bien que les tenants et les aboutissants dans ce genre de situation sont complexes j’aurais aimé que certains points y soient un peu plus approfondis, je pense par exemple à l’impact que peut avoir le fait d’intégrer les enfants dans des sujets qui ne les concerne pas ou en tout cas pas à ce point. Si l’on prend le cas de Marina, la séparation de parents est une épreuve déjà en soi pour les enfants mais le fait qu’elle sache qui son père voit, que ses parents l’implique dans les discussions violentes lui demandant de choisir un parti, etc… ne fait qu’envenimer une situation déjà compliqué, et lui donnant du coup une personne à blâmer et sur laquelle déverser toute sa colère en la personne de Shizuka.
Ou encore les attentes des parents qui n’apporte que de l’anxiété chez les enfants, des comparaisons toxiques au sein des fratries, dont le pauvre Azuma fait les frais depuis qu’il est petit. Lui qui ne vit que dans l’ombre de son frère et dans l’espoir d’un jour combler les attentes démesurées d’une mère horrible. Son implication auprès de Shizuka et Takopi est portée par cette envie de satisfaire quelqu’un de se sentir pour une fois « utile » et « aimé ».
Si le titre aborde tout ces sujets d’utilité publique, le titre me semble rester trop en surface de toutes ces thématiques, libre à chacun peut être d’y forger ses propres réflexions et de maturer tout ça. Mais c’est dommage de mon point de vue, car j’attendais tout d’abord un titre extrêmement dur et choquant, et même si il y a certaines scènes chocs je m’attendais à me sentir plus investi émotionnellement parlant, un titre dur à digérer. Alors nous sommes tous différents et je suis sûr que certains y trouveront un côté très dur mais j’en attendais plus. Par contre, je ne m’attendais à y trouver un côté plus « didactique » sur le sujet et tant mieux mais du coup ça manque d’un peu plus de profondeur.
Le péché originel de Takopi était une de mes grosses attentes de ce début d’année et je reste malheureusement sur ma faim et déçu à la sortie. Loin d’être déplaisant et dénué de qualité comme j’ai pu le dire plus haut, le titre ne fait qu’effleurer la surface des problèmes et n’a pas su véhiculer chez moi les émotions si intenses promises. J’espère malgré tout qu’il permettra d’éveiller quelques réflexions sur les problématiques de harcèlement mais aussi sur la part importante des parents dans les mal êtres et dysfonctionnements des enfants qui ne sont de bases ni nés violents ni haineux…
