Et voilà le deuxième épisode de cette rubrique. Tout d’abord merci à tous pour vos retours et d’avoir été au rendez-vous du premier numéro dont je n’espérais pas tant. Pour rappel, à l’image de l’édito que propose régulièrement L’Apprenti Otaku, avec l’humeur du jour j’ai envie de revenir sur un fait qui m’a marqué ces derniers temps. N’hésitez pas à me donner votre avis en commentaire sur le sujet mais aussi sur le format. Aujourd’hui j’avais envie de revenir sur les réseaux sociaux alias le tribunal du bon goût !
Ça fait quelques temps que ce sujet revient régulièrement sur les réseaux et je vais parler de Twitter puisque c’est celui que je suis vraiment. On voit régulièrement des tweets passer exposants des achats manga, des lectures en cours ou des photos de mangathèque, un affichage de nos loisirs et un partage de ce qu’on aime en quelque sorte. Si on a pu assister à quelques dérives qui n’ont aucun sens comme par exemple prendre une photo du total TTC d’un ticket, histoire juste de montrer que « ouais je claque 200 balles comme ça et alors ?! ». D’ailleurs ne voyant ni les achats ni le magasin on peut avoir acheté tout et n’importe quoi et je pourrais vous sortir tranquillement le total du jour où on achète les couches pour les petits en vous faisant rêver en mode » Ici on se met bien, gros gros achats manga les reufs » alors qu’au final on a juste fait nos courses alimentaires et de quoi s’ambiancer la nuit avant que les couches de bébé débordent.
Mais passons ce petit moment sans grand intérêt pour revenir au partage de base : les titres qu’on achète, lit ou les mangatheques. Et je dois bien avouer que de mon côté j’aime bien voir ce genre de posts. Le côté « achat » non pas pour voir qui a la plus grosse…. Voiture, parce que pour certains achats qu’on voit passer soit les personnes ont passé le permis poids lourd soit ils foutent la moitié de leur collec en mode « v’la mon petit loot du jour ! En toute modestie les reufs ! », mais sortie de ça j’aime voir certains titres qui étaient potentiellement passés sous mes radars ou voir l’engouement pour un titre que j’attendais avec impatience ! Côté lecture, on est un peu dans le même état d’esprit de mon côté avec l’avis à la clé en bonus ! De ce côté là, je regarde les retours des gens que je suis et ai une confiance absolue dans les retours de certains.
Et reste le dernier cas, la fameuse mangatheque. La fierté des lecteurs que nous sommes, notre petit coin de bonheur en somme. Et personnellement j’adore voir ce genre de photos et plus globalement les bibliothèques. D’une part parce que de mon côté j’aimerais refaire tout ça et que je ne savais pas comment faire (maintenant je sais) d’autre part parce que j’aime voir la façon dont les gens agencent leurs livres, en mettant en avant certains, ou les titres qui composent leur collection tout simplement. Et puis quand on affiche ça sur les réseaux c’est aussi un peu de soi qu’on montre, c’est ce qu’on aime, ce qui nous fait vibrer et ça n’appelle pas à un quelconque jugement je trouve. Et c’est là qu’on en arrive au pourquoi de mon article…
Il y a quelques semaines de cela alors qu’une personne montrait sa mangatheque sur Twitter on a assisté à une sortie de ce que j’aime à appeler le club du bon goût. Parce que oui aimer les mangas c’est bien mais si t’as le malheur d’avoir des lectures qui rentrent pas dans le cadre de ce que certains jugent comme étant le bon goût, etc… et bien tu deviens vite un cro-magnon mysogine pur produit de notre société patriarcale. Car si ce pauvre être pleins d’insouciance avec ses 4 photos avait de quoi intéresser la plupart des lecteurs sa collection manquait au grand dam de certains de titres de mangaka féminins ou pour d’autres de shojo.
Et je peux comprendre qu’on puisse vouloir voir plus de shojo mis à l’honneur, plus de femmes mangaka mises à l’honneur, mais on se retrouve avec des comportements aussi toxiques que les communautés qu’ils décrient tant. Car se foutre de la gueule du type ou expliquer limite à un autre que son comportement d’acheteurs est bizarre du fait du peu d’autrices dans sa mangatheque là on frôle la paranoïa… Dans une dystopie, on peut imaginer les gens checker pendant leur passage en librairie si c’est un homme ou une femme qui a fait tel ou tel manga mais soyons sérieux deux secondes dans la vraie vie les gens regardent si le résumé leur parle ou si le style graphique leur plaît pas grand chose de plus…
Alors oui bien sûr, certains vont se référer à un bandeau shonen sur un manga pour leurs achats mais réduire l’intégralité du lectorat à ça d’une part et à une invisibilisation volontaire des femmes mangakas je pense que là c’est pousser le bouchon un peu loin et on frôle le complotisme, mais qui sait peut être qu’avec la 3eme dose les gros shonen de bagarre deviendront invisibles aux yeux de tous lors des passages en librairie… Être militant c’est bien mais il faut savoir raison garder et se foutre de la gueule des gens ça a rarement permis d’engager un dialogue serein et fructueux…
Alors oui on peut déplorer l’absence de Yumi Tamura et on croise les doigts pour que don’t call it mystery fasse de bons chiffres pour qui sait voir de retour 7 seeds ou Basara, on peut croiser les doigts pour que les autrices du groupe de l’an 24 aient enfin la place qu’elles meritent en France, que l’on casse les préjugés du shojo, que le talent de certains et certaines mangakas soit plus mis en avant. Mais tout ça bouge ! Avant l’annonce de don’t call it mystery pas sûr que beaucoup misaient sur un retour de l’autrice chez nous. Pas grand monde à vu venir l’arrivée de Takemiya (et la reconnaissance est là puisque Naban affiche de bons chiffres avec Destination Terra). Pour les préjugés du shojo bon si la bonne parole tente d’être prêchée par une bonne partie du lectorat ça reste un peu plus compliqué du côté des éditeurs… Pour la mise en avant de femmes mangakas je pense par exemple à Akata qui a fait une belle mise en lumière de la SF au féminin par exemple. Donc des initiatives il y en a, des avancées aussi minimes soient elles il y en a. Mais faut pas tout mélanger…
Parce que finalement c’est aussi faire porter sur les lecteurs les mauvaises communications des éditeurs autour du shojo d’une part ou la non mise en avant de mangakas et cela vaut aussi bien pour les hommes que pour les femmes… On parle de passion mais aussi de passion dévorante et j’ai bien l’impression qu’elle a bouffé une partie de l’âme et du cerveau de certains… Comme on dit l’enfer est pavé de bonnes intentions, mais j’avoue qu’à lire certains j’ai de plus en plus de doute sur le côté bienveillant…
N’oubliez pas que chacun s’évade et prend son pied comme il le souhaite et avec ce qu’il veut, donc les leçons de bon goût ça passe en cuisine mais ça n’a pas sa place ici et j’ai envie de dire vous pouvez vous les garder. Donc continuez à pousser pour les titres qui vous font vibrer, pour les mangakas que vous aimez ou aimeriez voir, mais bordel lâchez la grappe de celles et ceux qui ne partagent pas votre engouement et qui partagent comme vous ce qu’ils aiment tout simplement. Et si ce que les gens postent ne vous plaît pas, passez votre chemin je suis certain que vous trouverez une manière bien plus sympa pour occuper votre journée…