Fiche
- Titre : Terrarium
- Auteur : Yuna Hirasawa
- Editeur : Glenat
- Date de publication française : 02 juin 2021
- Type : Seinen
- Genre : Science Fiction, Tranche de vie
- Nb de volumes parus : 4
Résumé
Chico, la technologue d’investigation et son petit frère Pino arpentent des colonies délabrées où des robots poursuivent leurs tâches comme si de rien n’était. Les deux explorateurs tentent de les accompagner dans leurs derniers souhaits, mais à quoi bon quand la fin approche d’heure en heure ? “Combien de centaines d’années faudra-t-il encore aux humains pour devenir meilleurs ?” C’est la question soulevée par ce récit d’aventure SF crépusculaire.
Mon avis
Voila un titre sur lequel j’avais tout d’abord flashé sur les somptueuses couvertures dont se dégageaient une certaine nostalgie. Dans un flot constant de sorties qui ne semble pas prêt de se tarir, je n’avais finalement pas sauté le pas de l’achat à la sortie, mais comme bien souvent les médiathèques viennent à mon secours (et à celui de mon porte monnaie) pour combler mes envies!
Terrarium, titre en 4 tomes seulement, sorti chez nous via les éditions Glénat entre juin 2021 et février 2022, est un manga de Yuna Hirasawa prépublié dans le comic meteor à partir de 2019. Si le manga n’a pas fait parler de suite de lui, c’est justement les couvertures qui ont suscitées un intérêt chez les libraires japonais qui ont mis la série en avant ensuite et on les comprend!
Mais Terrarium de quoi ça parle? On suit Chico et son frère Pino dans leur voyage au sein des différentes colonies de l’arcologie pour découvrir pourquoi l’énergie vient à manquer progressivement et trouver une solution. Ce voyage est l’occasion de rencontrer et d’échanger avec des robots et des hommes peuplant les différentes colonies, que celles ci soient à l’état de ruine ou encore en fonction. Mais au delà de cette quête pour la survie de l’arcologie, ce sont de nombreuses questions sur l’existence et l’humanité auxquelles vont se confronter notre duo, sans compter l’espoir de retrouver leur mère disparu.
Si tout d’abord, on aborde le récit comme une quête pour sauver leur monde, mais à la lecture j’y trouve plutôt un prétexte pour une quête bien plus profonde, un besoin de réponse à des questions existentielles. On y croise bon nombre de robots qui malgré l’extinction de leur colonie continuent d’œuvrer comme si le temps ne s’était pas arrêter. Mais n’allez pas croire qu’on parle de machines programmer à répéter en boucle des tâches abrutissantes sans tenir compte du reste, ici les robots sont bien plus humains que certains humains. Comment ne pas être touché par cette rencontre avec ce robot médical qui continue à prendre soin de ses patients? Ou ce robot facteur qui n’abandonne pas son courrier malgré les années qui passent dans l’attente d’un sourire de la personne qui recevra les lettres qu’ils distribuent? Si les désactiver s’avère nécessaire pour le futur de l’arcologie on ne peut s’empêcher d’éprouver de la compassion comme Chico lorsqu’elle doit les mettre face à la réalité.
La première rencontre avec une colonie peuplée d’humain, nous permet d’aborder la question de la mort et de son caractère inattendu. On se retrouve dans une zone où le niveau d’eau monte inexorablement et où ils savent du coup précisément quand ils mourront, un peuple résigné qui ne fait plus rien d’autre qu’attendre sans rien faire. On y rencontre 2 jeunes personnes qui elles se battent contre ça veulent d’un avenir, de rêve, et ne veulent pas se résigner. Ce passage m’a fait personnellement beaucoup me questionner sur l’incertitude de la vie, comment j’appréhenderai mon quotidien si je savais précisément quand tout se finirait, vivrai-je pleinement chaque moment? Est ce que le poids de cette information serait trop lourd à porter et finalement réduirait à néant le reste de ma vie comme ce peuple attentiste?
La multitude de paysages désolés et abandonnés que l’on traverse ajoute une forte dose de nostalgie et de mélancolie à cette aventure et je trouve nous plonge dans un état idéal pour appréhender les différents questionnements que l’on trouvera sur la route de Chico et Pino. Le dessin est un vrai régal, les couvertures et leurs couleurs sont déjà sublimes mais l’intérieur n’apporte pas de « mauvaises » surprises! Quelle bonne idée d’avoir quelques pages couleurs en début de tomes aussi pour prolonger l’effet whaou des jaquettes! Bref que ce soit côté narration ou côté visuel Terrarium m’aura vraiment conquis personnellement.
Quand on se retrouve face à des séries si courtes j’ai souvent la crainte d’un titre interrompu prématurément faute de public lors de sa prépublication. Ici bien que je n’ai pas cette information, je ne ressens pas ce sentiment d’un récit avorté en refermant le quatrième volume, si la fin s’ouvre vers un possible retour dans cet univers si particulier (et d’ailleurs la mangaka dit elle même que « le voyage s’achève ici pour l’instant ») le récit est bien arrivé au terme. Les questions ont trouvé des réponses et la mangaka a refermé les portes qu’elle avait ouvert au fil du récit. Est ce que j’en aurais repris pour quelques tomes supplémentaires? Oui, tant l’univers si particulier m’a plu, les rencontres m’ont touché et les questionnements m’ont parlé. Si je ressens un manque après cette fin ce n’est pas dû à de la frustration mais plutôt à une ambiance si particulière que le titre a su me proposer et qui m’a conquise.